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Arrêter de donner des devoirs.

Episode 4.

 

On ne va pas se voiler la face. Les devoirs ce n’est plus ce que c’était. D’abord, ils sont interdits en classes élémentaires, compliqués au collège et illusoires au lycée.

Si on a des enfants, on connaît les crises, les batailles de menaces et de nerfs qui ont lieu dans nos foyers. On se raccroche aux devoirs comme une excuse pour demander des comptes, pour exhorter à la rigueur, pour forcer nos ouailles à disparaître dans leurs antres histoire de souffler un peu.

Si nos enfants nous répondent « ben on n’en a pas » on crie à l’imposture et à un manque de sérieux et demande que les enseignants passent à la moulinette.

 

Pourquoi tant de passion ?

 

Parce que c’est le signe d’un bon enseignement croit-on. Si le professeur donne des devoirs, c’est qu’il est sérieux et suit la scolarité des élèves. Dans le cas contraire, c’est signe d’inconséquence, car on sait à quoi ressemble la valse de vérification des cahiers, tensions et palanquée de punitions et de zéros.

L’utilité de ces devoirs ?

 

Sont-ils vraiment utiles ? Aident-ils à s’améliorer ? Bénéficient-ils aux élèves et à la classe ? Sans doute pour certains qui vont vraiment les faire. Mais sont-ils nombreux ? Il y a la façon traditionnelle de recopier, à même le sol ou appuyé sur le sac à dos du voisin.

Ou la plus technologique, en recopiant le snap du cahier sur snapchat ou dans le groupe de la classe sur Facebook. Oui, il n’y a pas que le professeur qui prend des photos des cahiers, les élèves aussi. Et je suis sûre que je suis loin du compte. Qui plus est, certains bons élèves vont être harcelés pour partager leur travail. Sans parler des devoirs maison qui subissent le même traitement. Là, les élèves se montrent subtils, créant des patchworks des copies des autres.

Oui, ils ont quand même peur de se faire prendre.

 

Les bannir alors ?

 

Peut-être pas mais en faire quelque chose de personnel et d’utile. Si les devoirs servent de base de rédaction, ou d’aide pendant un contrôle. S’ils sont des recherches que les élèves peuvent citer. Si le cahier est ouvert pendant les évaluations. Si la carte mentale ou le croquis notes, va permettre de parler en continu.

En langues, c’est la folie des taches finales. Montrer ses apprentissages dans un projet créatif et personnel. C'est parfois un peu artificiel. Quand on fait un quatre quarts on n'a pas forcément l'ambition de présenter une pièce montée. C'est déjà pas mal si le gâteau est réussi.

 

Dave Burgess, teach like a pirate.

 

Dans ce best seller qui est une source d’inspiration pour revisiter ses cours, l’auteur explore des formes d’enseignement alternatives basées sur la mise en scène, la surprise et la personnalisation. Récemment, dans une vidéo, il a proposé de rendre les devoirs aussi attrayants que les magasins que l’on trouve à la sortie des attractions ou de Dysneyland par exemple. Faire que les élèves se bousculent pour prendre leurs devoirs en sortant de la classe.

Il part du principe qu’il faut donner de « meilleurs devoirs » on ne pas en donner du tout.

Si on a vu quelque chose de passionnant en classe, on a envie d’en savoir plus.

Du coup on se rue sur le livre sur les momies.

 

C’est une bonne idée de donner de la lecture. Plutôt que de l’écriture. Ou de varier ou d’en donner moins, ou du moins d’en donner qui feront la différence.

 

Si le temps passé à préparer une matière parmi d’autres est source de plaisir alors l’attitude de l’élève pourra changer en classe.

 

Je préfère donner les devoirs en début d’heure ce qui a pour habitude de surprendre les élèves qui se demandent comment je sais déjà où j’en serais à la fin d’un cours. J’essaie de faire en sorte qu’il soit limité en temps, et qu’il apporte quelque chose. Par exemple, poster un argument pour alimenter une conversation. Chercher des éléments d’une biographie sur un personnage célèbres. Ou je fais en sorte que les élèves aient envie de faire les devoirs.

Comment ?

En les transformant en jeu ou en défi.

Des sites tels quizlet pour le vocabulaire permettent d’avoir des scores ou des temps. Jouer 3 fois à un jeu de flashcards permettra une meilleure mémorisation du vocabulaire et je l’ai constaté ensuite en faisant un contrôle. Kahoot en mode devoirs dans l’application ou encore quizizz sont des alternatives intéressantes. Il y a aussi wordwall, qui malgré une offre plus limitée gratuite permet d’afficher un tableau des gagnants.

Ces différents services permettent de varier les devoirs et la variété limite l’ennui.

 

Camoufler des devoirs derrière un jeu est une bonne idée et même en lycée. On peut montrer son expertise à distance et essayer de battre son professeur, car il faut y jouer aussi. Rien n’empêche de mettre la barre haut et d'être exigeants. D'ailleurs un jeu ne peut être simple pour être pris au sérieux.

Le jeu ou les devoirs peuvent durer plus qu’un seul jour.

 

On n’est pas non plus dans une chaine de restaurants rapide et je ne suis pas pour mettre de la compétition partout. C’est plutôt l’idée de mettre un élève en avant et de voir son pseudonyme au tableau.

Un autre outil flippity, permet de suivre le progrès des élèves, mais il faut veiller à bien le mettre à jour. J’ai parfois tendance à oublier.

Ca ne retire pas non plus de valeur au contenu du cours, au contraire et même si les élèves disent qu’ils s’amusent avec vous prenez le comme un compliment. C’est mieux que de se prendre au sérieux.

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